La Table de concertation en violences sexuelles de l’Estrie lance aujourd’hui une toute première campagne de sensibilisation sur le consentement. Cette initiative, accessible via le site web monconsentement.ca, vise à dépasser les notions de base du consentement et sortir des clichés sexuels pour aborder des situations plus complexes et quotidiennes.
Au-delà des règles de base « oui, c’est oui » et « non, c’est non »
La campagne est conçue pour aider l’ensemble de la population estrienne à mieux comprendre les « zones grises » où le consentement peut être moins évident. Elle encourage la discussion, l’écoute et le respect mutuel pour clarifier ce que signifie un consentement authentique.
« Tout le monde a l’impression de connaître les bases du consentement, mais on se rend compte qu’il y a des moments où c’est moins évident, où on a besoin de s’arrêter et de réfléchir », partage Mylène Bérubé, directrice générale du Centre des femmes La Parolière. « Cette campagne est une invitation à ne pas ignorer ces situations et à en parler ouvertement. C’est en traçant ensemble la ligne pour éviter toute zone grise que nous pouvons réellement faire évoluer les choses. »
Explorer les cinq dimensions essentielles du consentement
- Libre et éclairé : Un consentement donné sans pression, manipulation ou omission est un choix réel. Un « oui » qui est forcé ou qui repose sur des informations incomplètes n’est pas un consentement valide.
- Révocable en tout temps : Le consentement peut être retiré à tout moment, même si une activité a déjà commencé. Respecter le droit de changer d’avis est essentiel.
- Sans rapport d’autorité : Le consentement n’est pas valide lorsqu’il existe un rapport d’autorité. Toute personne qui détient un pouvoir sur l’autre empêche une relation d’égalité.
- Fait en toute sécurité : Le consentement ne peut exister que dans un environnement où chacun se sent en sécurité pour dire « oui » ou « non » sans craindre de représailles.
- Donné en autonomie corporelle : Chaque personne a le droit de choisir ce qui arrive à son corps, indépendamment des pressions sociales, familiales ou culturelles.
Les recherches récentes montrent qu’il y a encore beaucoup à faire pour sensibiliser les gens au consentement.
- 55% des canadiens et canadiennes ne comprennent pas pleinement la notion de consentement sexuel (source)
- 1 personne sur 4 s’est déclarée d’accord ou neutre avec l’énoncé suivant: « C’est parfois correct de ne pas demander le consentement sexuel » (source)
- 1 personne sur 8 avait une posture ambiguë ou favorable face à cet autre énoncé:
« Si une proposition sexuelle est faite et que le ou la partenaire dit “non”, c’est correct de continuer à négocier la proposition » (source)
Ces données soulignent la nécessité d’une réflexion de société pour que la compréhension du consentement ne se limite pas à un simple « oui » ou « non », mais englobe une redéfinition de nos normes sociales.
« La campagne propose de courts scénarios qui illustrent cette fameuse zone grise », indique Kelly Laramée, porte-parole au CALACS Agression Estrie. « C’est une belle occasion pour se remettre en question collectivement et se demander sincèrement quel serait notre comportement dans de tels contextes – tant du côté de la personne qui est en posture de donner ou retirer son consentement, que du côté de la personne qui doit demander le consentement. »
À propos de la Table de concertation en violences sexuelles de l’Estrie
Depuis déjà 20 ans, la Table de concertation en violences sexuelles de l’Estrie se positionne comme un espace central de collaboration intersectorielle dédié à l’amélioration des services et à la prévention des violences sexuelles. En réunissant des experts et des acteurs clés de la région, elle assure une concertation active et une transmission d’information efficace pour mieux outiller les intervenants, renforcer les actions de sensibilisation, et garantir des ressources adaptées aux besoins des personnes victimes comme aux personnes agresseuses.